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Photo du rédacteurjeromeberrard

Reconversions, une lame de fond ? Oui, mais quels éléments avoir en tête avant de se décider.

Vous êtes salarié, peut-être indépendant ou entrepreneur, artiste ? Vous posez des questions sur une possible reconversion ? Vous n’êtes pas seul. La reconversion, surtout en milieu ou fin de carrière est une lame de fond.

Il y a 3 grandes catégories de reconversion : - les néo-artisans : consultants, banquiers, chefs de produit, fonctionnaires, ce sont 7 000 diplômés bac +5 par an qui font la conversion en France et choisissent de devenir charpentiers, fromagers, paysans. La cause principale de ces conversions est « l’appauvrissement des tâches des métiers à dominante intellectuelle » selon Jean-Louis Cassely qui a interviewé ces néo-artisans (cité in « La Révolte des Premiers de la Classe », Arkhé, 2017). Beaucoup de néo-artisans sont aussi des néo-ruraux qui expriment en plus un besoin de sens lié à la contribution qu’ils ont décidé d’apporter à la société humaine et, de plus en plus, à l’environnement. - les travailleurs indépendants : 2,8 millions en France, soit 1 emploi sur 10. Déjà 36% des emplois aux États-Unis et plus de 50% attendus dans 5 ans. On y compte les free-lances du web et du journalisme, les consultants indépendants, les experts, traducteurs, enseignants libéraux, mais aussi les managers de transition et « salariés » du portage salarial, les livreurs Just Eat et les chauffeurs Uber. Il s’agit du plus gros bataillon des reconversions, mais pas d’un bataillon uniforme. On y trouve des métiers structurés autour d’un agrément commercial comme les mandataires immobiliers, parfois même un diplôme obligatoire pour exercer comme les avocats ou les notaires, tout comme des métiers qui n’exigent pas de certification professionnelle pour être exercer comme des coachs de vie. Cette diversité se retrouve également dans les formes hybrides de travail indépendant. Il y en a une qui concerne surtout les plus jeunes : les digital nomads qui allient travail en voyage autour du monde. L’autre concerne toutes les tranches d’âge : les slasheurs qui allient deux ou trois métiers comme comptable et musicien, entrepreneur et consultant, blogueur/photographe/DJ. Ils sont 4,5 millions en France soit 16% de la population active . - Il y a également des reconversions, depuis fort longtemps, qui sont la reprise ou la création d’entreprise mais qui concerne moins de 5% des reconversions. Cette reconversion vers l’entreprenariat connait depuis quelques années une version hybride qui est l’intreprenariat, c’est-à-dire la création d’une nouvelle activité complète à l’intérieur de l’entreprise, parfois préalable sécurisant à un spin-off et de plus en plus issu de la réflexion stratégique des entreprises qui veulent conserver ces nouvelles pousses dans leur giron.

Toutes ces personnes en reconversion partagent une autre vision du travail que celle qu’elles ont pu avoir il y a quelques années. Elles savent qu’il est possible d’être payé et d’avoir un vrai impact sur la société – et non plus seulement d’être un rouage d’une organisation. Elles savent aussi allier sens, motivation, impact (sociétal et environnemental) et argent. Au résultat, elles sont heureuses de leur choix : 64% des slasheurs le font par choix, moins d’un-tiers des indépendants reprendraient un travail salarié.

La seconde chose que ces personnes en reconversion qui réussissent leur nouvelle vie on en commun est une nouvelle conception du temps et des points de repère temporels. Il y a autant d’années de 0 à 30 ans, que de 30 à 60 et que de 60 à 90. On vit sans incapacité de la vie quotidienne jusqu’à 73 ans en moyenne en France, et les cadres vivent en bonne santé 7 ans de plus que la moyenne. Or les organisations du XXème siècle que sont les entreprises conditionnent encore trop souvent une vision dépassée du temps des salariés, dans laquelle les âges n’ont pas la même valeur. À l’exception d’organisations publiques ou parapubliques statutaires, la pyramide des âges des entreprises se rêve comme une vraie pyramide avec une base large et un sommet étroit parce qu’elle lie l’âge à la progression managériale et au coût du travail. Inconsciemment les salariés eux-mêmes intériorisent les points de repères temporels : on se forme dans sa jeunesse ; on progresse en expérience selon son expertise et sa responsabilité hiérarchique ; on acquière encore des compétences via les formations continues pour adultes ; puis on atteint l’âge fatidique de la cinquantaine qui est aussi un pic d’employabilité par-delà lequel le salarié commence à douter de sa désirabilité, de sa valeur marchande et s’oriente – s’il le peut – vers la retraite à 63-65 ans. Pessimiste ? En France, le taux d’emploi des 55-64 est de seulement 55%. Ceux qui se reconvertissent sortent de la logique auto-infligée du pic d’employabilité. Ce choix est difficile car il implique un changement de logiciel profond. Le rapport au temps doit être revu, le rapport à l’argent, au risque financier et familial doit être sérieusement revu également. Mais le résultat est très positif pour ceux qui peuvent alors envisager le temps différemment et positivement.

Pour réussir sa reconversion, il est essentiel de faire un cheminement qui commence souvent par des raisons personnelles de ne plus vouloir continuer à vivre la situation professionnelle actuelle mais qui s’accompagne aussi au démarrage d’un flou sur ce que l’on désire faire à la place. A la fin de ce cheminement, la personne dispose idéalement d’un projet clair sur ce qu’elle va faire, elle a trouvé la confiance en elle-même pour dégager l’énergie – parfois considérable – pour réaliser son projet et elle a fait passer à son projet les « crash tests » de la réalité : financière, familiale, sociétale…

Les 2 grands axes importants pour réussir sa reconversion sont : 1. Le choix du projet : néo-artisan, slasheur, consultant, ébéniste, photographe, coach, ou même à nouveau salarié. Peut-être un grand pas de côté, peut-être des petits pas en avant, peut-être une respiration avant de faire un grand pas. Mais même un retour au salariat n’est jamais un retour en arrière parce que le projet est au carrefour de ce que vous aimez, ce que vous savez faire avec talent, ce dont le monde a besoin et ce pourquoi vous pouvez être rémunéré. 2. La gestion des repères temporels : tout comme dans un régime minceur le risque est de reprendre du poids, le risque d’une reconversion est de ne pas tenir le choc de la réalité, des possibles échecs au démarrage, des possibles difficultés imprévues et qui repoussent le projet. Tout comme dans un régime minceur, la perte de confiance en soi est d’autant plus grande que l’on avait décidé de tenter cette reconversion. Alors on entend les petites voix qui nous disent : « il y a 1 succès pour 10 échecs, personne n’en vit, c’était perdu d’avance, il y a trop de concurrents déjà dans la place… » On n’entend plus Churchill qui nous dit que « le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son âme ». Et pourtant qui a raison ?

Pour finir, prenez en compte un dernier élément : votre reconversion est une étape essentielle de votre vie. Elle mérite un accompagnment de qualité. KAGAMI est un programme conçu pour permettre votre bilan de compétences et la mise en œuvre de votre projet professionnel en se basant sur l'accompagnement par un professionnel et le travail avec des pairs en groupe.



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